Pascal Sentenac vit et travaille à Paris et en Seine-et-Marne.
Il mène depuis plus de quinze ans une recherche personnelle sur l’image photographique, en parallèle de son métier de directeur de la photographie qu’il exerce depuis trente ans et de son activité de scénariste.
La narration, la mise en lumière des lieux, des êtres, leur mise en absence ou en présence, l’exploration des sensations sont les fils conducteurs de son travail
Considérant que le cinéma, l’écriture et la photographie sont des arts différents, mais complémentaires, il développe des projets sur ces trois axes, qu’il explore séparément ou en résonance au fil de ses thématiques. Il collabore par ailleurs régulièrement avec d’autres artistes : musiciens, plasticiens, sculpteurs, metteurs en scène, écrivant, au fil des rencontres une réflexion sur les enjeux du multimédia et de l’intersubjectivité des pratiques et des paradigmes. Chaque production interroge ainsi de quelle façon ceux-ci opèrent, ce qui cause l’œuvre mais aussi les effets des dispositifs sur les spectateurs.
Servir l’esthétique
Diplômé de l’École nationale supérieure Louis Lumière (section cinéma) en 1993, Pascal Sentenac commence dans la profession en tant qu’assistant-opérateur, cadreur puis finalement chef opérateur et directeur de la photo. Son travail sur l’image le conduit à s’intéresser à dramaturgie et à la narration.
En 2000, il intègre le Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle d’où il sort diplômé en 2001. S’en suivent plusieurs scénarios de 2001 à aujourd’hui, écrits parfois à quatre mains, qui viennent enrichir son approche de l’image et sa réflexion sur les enjeux esthétiques et narratifs.
Ouverture de champ
Après avoir mis ses compétences en image et en scénario au service des esthétiques des réalisateurs pour des fictions et des documentaires, il commence une recherche personnelle qui le conduit à explorer ses propres thématiques et univers visuels avec la photographie, qu’il redécouvre en 2008. Il ouvre conjointement le champ des possibles en investissant d’autres modes narratifs tels que la créaction vidéo pour des spectacles ou des installations video.
L’écriture d’un regard
L’ensemble de ses productions s’articule sur le principe de la série, propice à dégager un inventaire des sensations que lui inspire certains lieux, personnages et/ou moment de l’époque. La naissance de chaque série résulte d’intuitions qu’il « essaye de traduire visuellement » en élaborant pour chacune une esthétique dédiée et un regard singulier.
Ses images et ses installations proposent une lecture des phénomènes chaotiques du monde qui l’entoure, des multiples façons dont les êtres habitent leur humanité et les lieux, « des petits bouts de l’époque à partir d’un regard particulier »
De l’opacité à la lumière et… retour
À l’issue de dix années d’exploration et de recherches sur l’absence, l’insu et la poésie des structures chaotiques, la série « Êtres ailleurs » marque un premier basculement de son travail et sa rencontre avec le public en 2016. Le principe : une même photo prise aux quatre coins du monde, de quelqu’un derrière quelque chose, qui est là, mais qui est ailleurs.
Deux ans après « Ex-machina », une série photographique qui interroge l’opacité des quartiers d’affaire derrière l’apparente transparence des architectures, est sélectionnée et primée dans plusieurs festivals en 2018 et 2019. Elle est suivie de la série « Triptyques » qui ouvre la thématique de la transparence des quartiers d’affaire sur le mouvement urbain. « Onde », série photographique et « KO, fin de l’espèce ? », installation vidéo, développées dans la même période, signent en parallèle l’aboutissement de ces interrogations et sondent les effets d’un conformisme rendant tout, êtres et lieux, semblables et identiques à l’infini.
De l’émotion à la sensation
Le projet photographique « Les Excentriques » qui voit le jour en 2020 marque une nouvelle étape de ses recherches. Ce ne sont plus des êtres anonymes absents à eux-mêmes qu’il met en lumière mais un personnage qui, au contraire, est bien présent au monde et dont il esquisse le portrait : le clown.
Par cette série l’auteur invite le spectateur à une rencontre avec ces êtres, clowns ou pas, qui ont accepté de se dévoiler, et ont consenti à faire le clown ou au contraire à se donner à voir sans fard, le temps d’une séance photo, et, au-delà à se prêter à leur tour d’une singulière expérience. « Accepter d’être, pour un moment, un clown c’est accepter devenir un instant ce que l’on est vraiment. »
Parallèlement, il conçoit et réalise des paysages immersifs sonores en collaboration d’Emmanuel Joubert, Musicien, (les #) où l’image et le son, menés à leur plus pure abstraction et soutenus par un dispositif vidéo engagent le spectateur dans une expérience de résonance. Là encore, il s’agit de questionner les paradigmes des individus mais cette fois, en opérant un bouleversement des repères perceptifs et émotionnels et de produire une poétique des sensations par une éradication du sens.
Tropes
« La Machine » installation autonome dont il finalise la conception en 2020, constitue le point de convergence de ses différentes pratiques et recherches. le dispositif articule le principe du trope, procédé permettant de parvenir à la suspension du jugement C’est ici la particularité des regards, un par un, qui est interrogée. La machine produit au final des puzzles; des paroles, des sensations, émotions et réactions provoquées par la rencontre avec une oeuvre (peinture ou photographie). L’utilisation de ces émotion et réactions regroupé et agencé dans un vidéogramme sont laissées à la libre utilisation et création de ses commanditaires.