Le 7D de Canon en fiction.

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J’ai dormi un peu (Ah les tournages de nuit) et le tournage est terminé; mes idées sont plus claires.
Voici donc un compte rendu plus complet sur l’utilisation des boîtiers photo en fiction et plus particulièrement le 7D de chez Canon.
Particularités des tournages fiction:

1) La technique est secondaire, ce sont les acteurs qui comptent: donc impossibilité du moindre problème technique ou il faut le résoudre vite.

2) Le point est fait par un assistant opérateur: le point est en manuel. Le système d’autofocus est déconnecté. Le boîtier est en programme manuel: tous les choix techniques (point, diaph, vitesse d’obturation) sont décidés par le chef opérateur et non par les systèmes d’automatismes ( ah mais !).

3) Il faut un système de visée correcte, réglable et orientable. Des retours vidéo fiables au niveau de la colorimétrie pour le réalisateur.
Ceci étant posé, voici tous les défauts d’un boîtier photo pour ce genre de tournage, critiques dans le but, bien sur, de trouver des solutions techniques pour l’utiliser en fiction. Car la taille du capteur (profondeur de champ), la qualité et le prix des optiques (piqué de l’image), son adaptabilité en fonction des tournages (caméra discrète ou très visible pour rassurer techniquement les acteurs, le client et la production) en font un concurrent très sérieux à certaines caméras notamment celles avec un capteur 2/3 de pouces.

1) La technique

J’ai rencontré, lors du tournage, quelques problèmes de fiabilité technique du 7D (le boîtier est neuf). Le principal problème: la surchauffe. Il faut parfois l’éteindre 2 mm pour que le témoin disparaisse. La mise à jour Firmware Canon résoudra-t-elle le problème ? Plusieurs fois le boîtier s’est mis en erreur 80 à l’allumage (problème de carte ???). Il faut enlever la batterie puis la remettre. OUF ! On a eu, lʼ assistant et moi, un peu peur…

2) Les optiques

Les optiques Canon modernes sont d’excellente qualité. Mais leur système d’auto-focus font que la course de point est très réduite. Pour l’assistant cela devient trop précis. De plus, certaines ne reviennent pas sur les marques lors d’un changement de point rapide. (17-55. F 2,8). Préférer les focales fixes ou mieux les vielles optiques 24*36. Elles n’ont pas d’autofocus, ont une course de point importante et couvrent largement le capteur du 7D (moins d’aberrations) en plus elles sont moins chères…en contre partie, il vous faudra jongler avec les bagues d’adaptation.
Autre gros problème, c’est que les zooms photo ne tiennent pas le tirage. Si on peut exclure le ZOOM en fiction il faudra quand même re-vérifier le point à chaque changement de focale. Par contre la fonction agrandissement dans la visée est géniale pour faire le pont sur un acteur. C’est la mort du décamètre en fiction.
La profondeur de champ très réduite me fait préférer le 7D au 5D. Rappelons que le capteur du 7D a déjà la taille d’une fenêtre de caméra 35 mm. Avec le 5D vous allez souffrir au point et le prix des optiques plein format est double…à méditer.

3) Système de visée

Le gros problèmes du boîtier, c’est la visée. Il est pour moi exclu de viser sur un moniteur en fiction. Il faut un viseur. J’ai ajouté une loupe à l’arrière, ce qui fait un super viseur couleur. Mais celui-ci n’est pas orientable (encore un effort monsieur Canon) et on se retrouve vite couché par terre avec un torticolis en plus. D’où notre idée de rajouter un viseur Caméra.
Là les problèmes commencent:
Dès que l’on branche quelque chose sur la sortie HDMi, on perd la visée arrière. On peut se brancher en PAL mais on nʼa plus de sortie HD pour le monitoring.
Bon allez on se penche sur le problème avec Olivier Convers, l’assistant opérateur et on trouve en location le movie tube (10000 euros à l’achat !!!): Un viseur de cam une sortie PAL en plus pour le monteur. Un viseur mais pas de sortie HD. Encore un effort et on rajoute 2 convertisseurs un HDMI-SDI et un SDI-PAL et on se retrouve avec le viseur en Pal et 2 Sorties SDI pour le monitoring plateau. Ca y est, on a une vraie caméra. Mais il faut alimenter tout ce petit monde sur batteries (pas les même tensions d’alimentation) et bonjour la forêt de cables et les faux contacts qui vont avec. De plus l’image sur le moniteur n’est pas terrible. Passage dans les convertisseurs ou sortie du 7D qui n’est pas en 1920*1080 et est en 60 hertz ???. Bref, personnellement je me cale sur mon Mac portable dont je connais bien l’écran même si l’image est « strobée » pour cause de sortie USB. Bientôt une Tablet Apple ou Archos…j’ouvre une souscription, n ‘hésitez pas.

CONCLUSION:

En résumé, ce n’est pas un choix économique qui fait choisir le 7D car avec les accessoires, on arrive au prix de location d’une 900R SONY par exemple ( 2000 euros pour 10 jours de tournage avec négociation serrée directeur de production) mais c’est, contrairement à ce qu’on pourrait croire, un choix esthétique qui nous a fait choisir ce type de matériel.
Une chose est certaine: la caméra n’a plus d’importance économiquement. Elle a techniquement une durée de vie de 2 ans environs. Il faut investir dans les accessoires: Viseur followfocus cage de caméra etc… C’est la Red qui a amorcé la tendance. Tous les regards se tournent déjà vers L’Alexia de chez ARRI et vers la prochaine Panasonic à capteur 4/3 pouce. Pour l’anecdote, pour un plan où on nʼavait pas de place, on a sorti le boîtier de sa cage. Tout le monde a regardé le machin en s’esclaffant: « c’est ça la caméra ? »
Une boite vient de démonter le miroir du 7D pour mettre des optiques 35 mm monture PL (Zeiss GO etc…) Ce boîtier est dispo à la location sur Paris. Je l’ai essayé. C’est très intéressant. On peut aussi changer le firmware (magic lantern) pour avoir un Zébra, le contrôle du son, etc… Mon avis, c’est que tout cela devient ridicule, car en fait, on va dépenser une fortune pour un boîtier qui vaut 1400 euros. Il vaut mieux acheter ou louer une RED ou L’Alexa de chez ARRI.
C ‘est rassurant car notre métier de chef OP reste prépondérant face à celui du directeur de production en ce qui concerne l’image. Il n’est pas certain que les petites sociétés de production et amateurs éclairés qui ont acheté ce boîtier sachent l’équiper pour une ergonomie en tournage complexe. Et puis, il faut quand même éclairer, cadrer et même choisir une esthétique cohérente pour le film. Comme d’habitude ce n’est pas le matériel qui fait tout seul l’image comme, en lisant et regardant les blogs sur internet, on pourrait le croire…OUF !

Un extrait du résultat  dans la rubrique film: http://sentenac.org/fiction-nathan-un-film-deric-bu/